celui de l'oisiveté
celui qui ne faisait jamais rien
tous les jours toute la journée
il construisait un rêve de rien
il se vautrait dans les odeurs
et se couvrait de mille couleurs
il goûtait tout ce qui était bon
écoutait d'étranges chansons
mais jamais.. jamais.. il ne s'était laissé touché
un jour l'ange en eut assez
seul dans son monde entier
seul dans son rêve entier
il décida de s'en aller
visiter la société
se chercher une amitié
faisant son bonhomme de chemin
rencontra moult turlupins
lui si farouche qu'on le touche
du doigt ou de la main
laissa s'approcher de lui
pleins de joyeux copains
jusqu'au jour où une petite fée
de lui presque aussi belle
jalouse et sans pitié
lui cassa une de ses ailes !
Aïe ! cria l'ange
quelle est cette souffrance ?
mais quel est ce monde étrange ?
déçu meurtri
l'ange courut se blottir
dans son monde de rien
dans son oisiveté
et pour se reconstruire
et pour mieux se guérir
il versa quelques larmes
sur son aile brisée
la fée, victime de ses caprices
s'en retourna chez elle bien triste
car ce matin-là elle aussi
avait perdu un bon ami
dans le tendre creux de son nuage
l'ange, revenu de son voyage
trouva son propre monde entier
tout rénové, tout remeublé
ses vieilles chansons monotones
rythmaient les cloches des églises
et brillait l'éclat de l'automne
par-dessus les couleurs grises
les odeurs fanées d'hier
parfumées de champs de blé
même la solitude amère..
chocolat et crème glacée !
il écrivit donc une lettre à tous ses amis les poètes
la fête n'est pas terminée une fois guéri je reviendrai
car bien que cruelles, vos belles caresses
à mes rêves de rien redonnent noblesse
je ne laisserai plus mon monde se ternir
je reviendrai au bout de deux soupirs..
© 2002, Marie-France Phaneuf, tous droits
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